L’usagé fait sa place… jusque dans les cadeaux!

Usagé

Oseriez-vous offrir un objet usagé en cadeau à quelqu’un? Quelque 27 % des Canadiens disent l’avoir fait au cours de la dernière année!

 

 

 

 

 

 

« C’est un changement de tendance extrêmement intéressant par rapport à des études faites il y a 20 ans », commente Fabien Durif, de l’Observatoire de la consommation responsable et coauteur du rapport 2017 de l’Indice Kijiji de l’économie de seconde main.

Longtemps réservé aux personnes à plus faible revenu, l’usagé a maintenant la cote dans toutes les tranches de revenus. D’ailleurs, contrairement à ce que l’on pourrait croire, les gens n’achètent et ne vendent pas plus de biens usagés lorsque l’économie se porte mal.

 

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En fait, plus l’économie va bien, plus ils trouvent preneur! Selon le rapport, si les revenus mensuels augmentent de 100 $, chaque personne fait l’acquisition ou délaisse 10 articles de plus dans l’économie de seconde main. À l’inverse, moins de biens changent de main lorsque le chômage augmente. Le marché de l’usagé évolue donc comme celui des biens neufs.

Des marques s’adaptent

Devant l’engouement des consommateurs pour les biens usagés, quelques grandes entreprises ont flairé la bonne affaire. « En Europe, des magasins IKEA rachètent les meubles de seconde main fabriqués par l’entreprise et les revendent, illustre M. Durif. Même chose avec Habitat, qui est l’équivalent de Maison Corbeil ici. L’entreprise a créé une marque Habitat 1964. Elle rachète les biens aux consommateurs et les vendent dans une boutique vintage. C’est aussi une façon de contrôler leur marque. »

Au Canada, il n’a pas encore recensé d’initiatives semblables des marques pour l’instant. Il s’attend cependant à en voir apparaître. « Au Québec, on voit apparaître un renouveau des magasins de friperie traditionnels, des outils collaboratifs et des plateformes spécialisées, indique M. Durif. C’est évident que de grandes marques vont se mettre à faire dans le seconde main aussi. »

Économiser

Même si des consommateurs de tous les niveaux de revenus se tournent vers l’usagé, la perspective d’économiser demeure leur principal motif. Et leur budget en bénéficie de plus en plus!

  • Les acheteurs ont économisé en moyenne 843 $ en 2016 contre 480 en 2015.

  • Les vendeurs ont gagné 1037 $ en moyenne en 2016 contre 883 $ en 2015.

La valeur des transactions de seconde main au Canada en 2016 s’élève à 29 milliards $.

« L’aspect écologique demeure la seconde motivation principale des consommateurs en ce qui a trait au délaissement, indique M. Durif. C’est la troisième à l’achat. Il y a une volonté d’avoir un impact sur la protection de l’environnement. » Ceux-ci seront heureux d’apprendre que 1,9 milliard de biens ont ainsi eu droit à une seconde vie au pays l’an dernier!

 

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Différences régionales

L’engouement varie cependant à travers le pays. L’Ontario et les provinces de l’Ouest sont celles où l’économie de seconde main est la plus dynamique avec des « taux d’intensité » dépassant 80 dans chacune d’elle. La championne est l’Alberta avec 91. Au Québec, elle stagne à 67 alors que les Maritimes grimpent à 60.

Contrairement aux idées reçues, le rapport constate également que le marché des biens usagés n’est pas un phénomène urbain. En fait, il est plus vigoureux dans les villes de taille moyenne et petite et les milieux ruraux. Reste que Montréal figure parmi les trois villes les plus actives au pays derrière Calgary et Edmonton.

Curieusement, Québec figure parmi les villes ayant le score le plus bas! Les pratiques de seconde main ont même chuté depuis l’an dernier. Pour Fabien Durif, le mystère demeure entier pour l’instant. Il espère pouvoir l’élucider, en partie du moins, dans son prochain rapport.

Nathalie Côté
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