Boucler son budget malgré la maladie

Noémie Robidoux

Chronique — Affronter une maladie grave change une vie. En plus des difficultés physiques et psychologiques, elle entraîne souvent des défis financiers. Après trois cancers et une amputation, Noémie Robidoux en sait quelque chose.

 

 

 

 

La jeune femme avait 12 ans quand on lui a découvert une tumeur à la hanche. En 2012 : récidive. Il a fallu lui enlever une partie des os du bassin.

L’automne dernier, la jeune femme effectuait un retour aux études quand la maladie a frappé une troisième fois. Alors âgée de 26 ans, elle a dû subir une amputation à une jambe. Sans assurance, elle vit grâce à ses économies depuis. Après son hospitalisation, elle est retournée chez ses parents. « J’ai de la chance parce qu’ils ne me demandent rien pour le loyer et l’épicerie, note-t-elle. Ça va permettre à mes économies de durer plus longtemps. Mais c’est clair que c’est un fardeau pour eux. Ma mère a arrêté de travailler pendant mes traitements. »

Aujourd’hui, sa santé s’améliore. Elle poursuit sa réadaptation et devrait recommencer ses études en comptabilité à temps partiel en janvier. Ayant étudié en tourisme auparavant, elle commence aussi à travailler comme agente de voyage à son compte.

Défis financiers

Pendant sa convalescence, Mme Robidoux a vérifié son admissibilité à l’aide sociale en attendant son retour au travail. Verdict : impossible. Elle possède trop d’actifs aux yeux du gouvernement. « Il faut que je m’appauvrisse avant d’espérer avoir de l’aide », laisse-t-elle tomber.

Elle n’est pourtant pas riche, mais elle a toujours géré ses finances rigoureusement. Elle fait son budget consciencieusement, épargne pour ses projets, n’a aucune dette, etc. C’est d’ailleurs en pigeant dans ses comptes d’épargne qu’elle arrive à payer ses factures actuellement. « Je suis impressionné par sa gestion financière, commente André Lacasse, planificateur financier chez Services financiers Lacasse. Ça a fait toute la différence dans sa situation. »

Planifier l’avenir

Dès qu’elle recommencera à travailler, Mme Robidoux veut renflouer son fonds d’urgence. Ensuite, elle souhaite recommencer à cotiser à son régime enregistré d’épargne invalidité (REEI). « C’est exactement le conseil que je lui aurais donné, note M. Lacasse. Les subventions offertes dans le cadre de ce programme sont très avantageuses. »

En effet, les personnes handicapées peuvent recevoir des subventions allant de 1 $ à 3 $ par dollar cotisé, selon leur revenu. Celles à faibles revenus peuvent recevoir jusqu’à 1000 $ par an sans avoir à cotiser. « L’argent doit toutefois rester dans le régime au moins 10 ans, prévient M. Lacasse. Sinon il faut rembourser les subventions », précise M. Lacasse.

Il suggère également aux parents de la jeune femme de songer à prendre une assurance vie permanente. « Cela pourrait l’aider si elle avait d’autres problèmes de santé quand ils ne seront plus là », note M. Lacasse.

Finalement, Mme Robidoux aurait avantage à dénicher un poste chez un employeur offrant des assurances collectives après ses études. « Évidemment, elle doit aimer son travail, convient M. Lacasse. Mais cela lui permettrait d’obtenir une assurance salaire et un minimum d’assurance vie. Étant donné son historique médical, ce serait tout un défi d’essayer de s’assurer individuellement. »

D’ici là, la jeune femme a néanmoins décidé de se gâter un peu. En janvier, elle partira en croisière avec sa mère. « On va mettre cette mauvaise année derrière nous », explique-t-elle.

Texte publié précédemment dans La Presse.

Nathalie Côté
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